NOTIONS D'ENTRAÎNEMENTS 

 

 

L’objectif principal de l’entraînement de ses huskies sibériens est d’amener ses chiens à un état de condition physique optimale selon les buts que s’est fixé le musher pour sa saison. (sport loisir, sport compétition : sprint, moyenne ou longue distance)

 

 

L’entraînement doit être orienté en fonction des qualités recherchées sans oublier dans notre cas ce pour quoi a été conçu le husky sibérien : « tirer une charge légère à une vitesse modérée sur de grandes distances ».

 

L'entrainement consiste à entretenir la mise en forme du chien déjà préparé physiquement et mentalement au travail qu'on lui demande.

 

Concernant les températures et l’hygrométrie (= quantité relative d’eau présente dans l’air) :

- Nous n’entraînons pas nos chiens au-dessus de 12°C même sur de courtes distances.

- Si la température est supérieure à 6/8°c, l’hygrométrie ne devra pas dépasser 75%.

- Si la température est inférieure ou égale à 0°C, on pourra admettre une hygrométrie jusqu'à 80 voir 85.

 

 

I/ MODALITES PRATIQUES D’ENTRAÎNEMENT

 

Suite à de nombreuses études menées sur le chien de traîneau, les différences entre athlètes humains et canins ont été élucidées. On notera des différences physiologiques importantes.

En effet, le chien valorise presque exclusivement les matières grasses et les protéines comme source d’énergie.

Certaines de ces études ont démontré que les lactates augmentaient à l’effort, démontrant un métabolisme aérobie principal (= fait référence à un exercice qui sollicite et améliore la consommation d'oxygène par l'organisme) et concluant que l’entraînement devait viser à augmenter la consommation maximale en oxygène ( =VO2max) et la capacité aérobie.

L'intérêt est d'instaurer un rythme cardio/pulmonaire, une stabilité de l'oxygénation et un développement musculaire long.

 

Il est essentiel, si l’on souhaite établir un bon programme d’entraînement qu’il respecte les règles suivantes :

 

- couvrir toute l’année.

- être échelonné et conçu sur plusieurs saisons.

- s’adapter au type de chiens de traîneau que l’on a (huskies sibériens, malamutes d’alaska, alaskans huskies) et au type de course préparée.

- dépendre du niveau de compétitivité souhaité.

 

Il comprendra donc :

 

1. Une période de repos de mai à septembre.

2. Une période de mise en condition de septembre à novembre.

3. Une période de pré-compétition de novembre à janvier.

4. Une période de compétition de janvier à mars.

5. Une période de désentraînement de mars à avril.

 

Rappelons qu’un chien ne peut être entraîné sérieusement qu’à partir de l’âge d’un an, qu’il atteindra sa plénitude entre trois et six ans, et pourra courir jusqu’à dix – douze ans.

Sans parler de ses origines, de son alimentation et des soins qui lui seront prodigués, l’élaboration d’un plan correct d’entraînement sera le gage de sa réussite et de sa longévité.

 

1/Entraînement non attelé 

 

Il est important de maintenir ses chiens en condition toute l’année.

C’est pourquoi de mai à septembre, période considérée comme « période de repos », les chiens pourront pratiquer différentes activités telles que : la cani-randonnée, la natation.

Rien qu’une activité d’une heure par jour évite aux chiens un engraissement et une fonte musculaire.

L’idéal est que les chiens bénéficient d’un parc assez grand pour se dépenser, ainsi ils conserveront leur musculature d’une saison à l’autre.

 

2/Entraînement attelé hors neige

 

Le VTT peut être utilisé avec un ou deux chiens. Les chiens y seront attelés à l’aide d’une barre dite « platine VTT » , à laquelle sera attaché à l’aide d’un mousqueton un amortisseur et une ligne de trait. (simple ou double en fonction du nombre de chiens attelés)

 

 

 

Le kart trois ou quatre roues peut-être utilisé à partir de 4 chiens.

Mais nous lui préférons le quad, par la présence de son moteur, qui nous permettra de privilégier les entraînements à voie « aérobie ».

 

L'entraînement en endurance qui favorise la voie aérobie impose des efforts prolongés, mais d’une intensité relative (dite intensités moyennes). L'important pour son efficacité étant la régularité, pour le moins plusieurs fois par semaine. Cette voie aérobie favorise l'utilisation des graisses puis des protéines.
Les principales modifications musculaires sont une augmentation de la vascularisation, (d'autant plus prononcée que l'hématocrite du sujet est élevée), du nombre de mitochondries et une modification des protéines contractiles qui descendent des états rapides vers les états lents.

L'entraînement en puissance développe la voie énergétique anaérobie et vise, quant à lui, à améliorer la force et la vitesse sur des laps de temps brefs (quelques minutes voire quelques secondes) et des distances courtes (quelques centaines de mètres à quelques kilomètres).

De là, les bases de l'entrainement sont totalement différentes.
Dans ce cas, les efforts longs et répétés ne sont pas recherchés mais évités et on pratiquera au contraire des exercices courts, rapides et intenses.
Les principaux effets obtenus sont une augmentation de la force musculaire, le développement des muscles dits ronds et une hypertrophie des muscles.
Le réel danger de cette méthode d'entrainement (qui justifie à lui seul qu'elle ne doive pas être employée pour le travail au traineau) est une augmentation de certaines hormones, notamment la testostérone et HGF, l'hormone de croissance.
Cette accroissement de certains taux d'hormones est du au fait que la voie énergétique anaérobie fait appel presque exclusivement à l'utilisation des protéines.
Il est à noter que des cas de myopathies graves dues à des dérèglements hormonaux sont directement liées à l'adoption de ce type d'entrainement. Dans une partie de ces cas qui font l'objet d'un bon diagnostic mais mis sur le compte d'un caractère individuel, héréditaire ou génétique, il s'agissait uniquement d'une erreur sur les processus d'entrainement qui entrainaient des déficiences hormonales. (notamment constatées chez des lignées de SH de distance utilisées en sprint)
Les deux types d'entrainements ne devront JAMAIS être menés conjointement, de façon intercalés ou complémentaires.
Un "entrainement" ainsi mené, amène très rapidement au syndrome du surentraînement (alors même que le développement musculaire et cardio-vasculaire est non stabilisé).

Les premiers entraînements attelés ne doivent pas dépasser 3-4 kilomètres. L’augmentation de la distance se fera ensuite progressivement surtout durant les trois premiers mois.

 

En début de saison, trois ou quatre séances par semaine sont nécessaires, pour ensuite passer à cinq séances :

- sans jamais plus de deux jours consécutifs de repos.

- sans jamais plus de quatre jours consécutifs de travail.

 

Ci-dessous un exemple de plan d’entraînement :

 

- En avant période (2 à 3 semaines) :
Lundi > Matin
Mardi > Soir
Mercredi > Repos
Jeudi > Matin
Vendredi > Soir
Samedi > Repos
                                                                    Dimanche > Reprise comme Lundi

 

- En début de période (1 à 2 semaines) :
Lundi > Matin
Mardi > Matin
Mercredi > Repos
Jeudi > Matin
Vendredi > soir
Samedi > Soir
Dimanche > Repos

- En période :
Lundi > Matin
Mardi > Matin
Mercredi > Matin
Jeudi > Repos
Vendredi > Matin
Samedi > Matin
Dimanche > Matin
Lundi > Repos
Reprise

 

Le choix du terrain est important, il faut qu’il soit ni trop accidenté, ni trop plat, et d’un sol non agressif pour les coussinets.

Les capacités physiques du chien se développent surtout durant les douze premières semaines. (notamment la croissance de l’hématocrite = pourcentage du volume des globules rouges par rapport au volume sanguin total)

Les entraînements devront donc être particulièrement progressifs durant cette période, avec de temps à autre un « retour en arrière » afin d’éviter tout surcharge physiologique.

Plus les courses préparées sont longues, plus la période préparatoire devra débuter tôt.

 

3/Entraînement attelé sur neige

 

A l’approche de l’hiver et des compétitions, l’entraînement sur neige peut débuter.

A la différence des entraînements sur terre qui ne permettent qu'une remise en condition partielle après une période de "non activité", l'entraînement neige vise surtout au recalibrage musculaire (amélioration de sa puissance et de ses capacités à effectuer un travail de longue durée) ainsi qu’à repousser les limites de la fatigue musculaire et améliorer la récupération.

Il ne faudra pas laisser partir les chiens à pleine vitesse sur le départ. Un organisme non stabilisé consomme beaucoup trop d'énergie, sans compter les risques traumatologiques, cardio-vasculaires...
Une traction contrôlée grâce au tapis est efficace sur cette distance pour prendre un rythme cardiaque et respiratoire et une saturation qui seront ensuite conservés, en cherchant le 13/15 km/h (pas plus de 18).

Ne pas oublier non plus que l'échauffement musculaire sur neige et important et assez long (au moins 10 kms ou 30 minutes) sinon risques de claquages, lactoses, lombalgies à terme, cardiaques, vasculaires......
Ensuite il faut chercher le galop permanent mais pas maximum comme en course avec une réserve d'au moins 25%. Les valeurs couramment utilisées sont un galop de 25/27 kms/h. (Ce qui correspond à un galop soutenu mais pas permanent en course de l'ordre de 30/32 kms/h).
Il n'est pas utile de chercher à dépasser les 45/50 kms en entrainement. Il est établi qu'un team courant et finissant en conditions optimales cette distance ne prend rien de plus significatif en augmentant la distance mais perd en temps de récupération à long terme, perte électrolytiques plus importantes.....
Il ne faut pas non plus rechercher les trails avec trop de dénivelé et en tout cas, toutes les montées doivent être prises sans casser le mouvement.

 

L'important de l'entrainement sur neige est "faire oublier" les imperfections ou mauvaises habitudes qui sont inévitablement prises en avant saison avec les pré-entrainements au quad.
Bien contrôlés et pas abusifs (pas plus de 2 fois par semaine, 3 fois maximum), normalement, les entrainements en motorisé ne déforme pas trop les teams et les individus mais immanquablement, il faut quand même 2 ou 3 séances sur neige pour évacuer ces déformations.

En général, les déformations principales sont une baisse des encolures. Sur terre, les chiens ont tendance à maintenir la tête trop basse. Ils sont enclins à regarder vers le bas car ils sont distraits par les changements de couleur, de texture......du sol à cause de leur cône de vision élargie par rapport à nous. Ils sont aussi plus enclins à regarder où ils posent les pattes et ça casse leur mouvement.

Cela engendre des pertes dans le mouvement qui gênent la synchro du team.
Ces pertes dans le mouvement sont une des principales raisons qui fait que certains chiens refusent la terre car elles occasionnent (ou ont occasionné) des entorses (quelquefois légères et sans séquelles et inaperçues mais suffisantes pour marquer un stress). La retenue du mouvement handicape aussi le relâchement musculaire et il s'ensuit des petites contractures....
Une autre raison est une vision plus élargie encore chez certains chiens que d'autres qui les met en situation de stress en rapport au "sol inconnu" car inconstant et qui, au galop, interdit au chien d'analyser avec suffisamment de précision ou de rapidité ces différences du sol. Ces chiens refusent aussi en général la terre ou la vitesse sur terre.
Pour ces chiens, il est inutile de persévérer au pré-entrainement sur roues et il vaut mieux les maintenir en muscles par des ballades ou en espace libre puis reprendre directement sur neige.

L'autre "secret" des entrainements neige est leur constance. Ce n'est pas comme sur la terre, le travail musculaire et cardio-respiratoire est différent et pour être efficace et "réflexisé", la densité doit être d'au moins 4 fois par semaine dans les 2 ou 3 premières semaines puis 5 fois par semaine.
Les allures doivent aussi être constantes au maximum. Pas d'arrêts, pas de pertes d'allures, pas de pertes de mouvements.

 

 

II/ L’EDUCATION

 

1/ Le débourrage

 

Le débourrage est la préparation du jeune chien à un travail donné. Il s’agit de sa mise en condition physique (et mentale) pour une activité précise dans le futur.

Le débourrage peut commencer assez tôt : aux alentours de 6 mois.

Le travail demandé ne devra jamais atteindre les limites du jeune chien, il ne devra jamais être excessif.

Il est primordial qu’il soit entrecoupé de périodes de repos d'au moins trois jours, afin de laisser le temps aux tissus abîmés de se reconstituer entre chaque sortie.

 

Il faut ABSOLUMENT éviter tout travail de traction et surtout en charge lourde qui, en pleine période de construction musculaire et de mise en condition des capacités cardio-respiratoires, risqueraient de modifier irrémédiablement ces paramètres.

Durant cette période, le jeune chien pourra être habitué au port du harnais, être « éduqué » à l’attelage (voir paragraphe suivant). Le musher analysera le chien afin de déterminer sa future place par rapport à ses capacités (éventuellement de futur leader).

 

Il corrigera les défauts du jeune chien. (exemple : ne pas manger son harnais et les lignes de trait etc…)

Le débourrage étant une phase d’apprentissage plus « psychologique » que physique, il faudra toujours pratiquer les activités sous la forme d’un jeu ou le jeune chien sera mis en confiance, encouragé et récompensé. Tout stress ou incident sera marqué dans la mémoire du chien et aura des répercussions pour le reste de sa vie.

 

C’est entre 12 et 24 mois qu’un chien de traîneau acquiert sa musculature, ses capacités respiratoires, la construction de ses tendons et de ses ligaments, donc ses capacités définitives.

Des entraînements malmenés durant cette période pourront donc avoir des répercussions irréversibles sur les capacités physiques et mentales d’un chien.

 

2/ L’éducation

 

L’éducation est pour le musher, le point le plus diffcile à travailler , de par le nombre de chiens attelés, le caractère indépendant du chien nordique, et l’absence de tout contact direct entre l’homme et les chiens durant la course.

Au strict minimum, chaque chien de l’attelage doit être éduqué :

- à la mise et au retrait du harnais.

- à pouvoir dépasser et croiser d’autres attelages, ainsi que d’autres chiens en liberté.

- à tolérer des situations inhabituelles (véhicules à moteur, cris de la foule…)

- à comprendre les ordres de départ, de ralentissement et d’arrêt.

 

Seuls les chiens de tête seront éduqués à comprendre d’autres ordres en particulier les ordres de direction.

 

Le musher doit porter une attention particulière à la motivation des chiens et veiller à toujours garder bon esprit dans son équipe au cours des entraînements.

 

Sources : Bogeyman et Le Guide pratique du chien de sport et d'utilité de Royal Canin